Cornemuse(s) : Instrument(s) de tous les paradoxes
Zokra (Libye)
« Le vent passant dans la fourrure des animaux fera sauter les hommes.
C’est la cornemuse qui fait danser. »
Léonard de Vinci
« Le vent passant dans la fourrure des animaux fera sauter les hommes.
C’est la cornemuse qui fait danser. »
Léonard de Vinci
CONTEXTES D'USAGE
Jouée tant lors de réjouissances populaires par les jongleurs, ménestrels et ménétriers (corporations de musiciens ambulants), les gardiens de troupeaux (chalemie), les émigrés auvergnats dans les bals musette parisiens (cabrette) que considérée comme l’apanage bienséant des nobles et aristocrates au sein des cours royales d’Europe, la cornemuse s’illustre comme un véritable transfuge social, objet de parodies et d’emprunts entre bas peuple et élites (entre jeu de la zampogna et de la sourdeline; entre cabrette et musette baroque)
Zampogna (Italie méridionale)

Musicien ambulant, Lucas Van Leyden
Abusivement rattachée à ses seules origines agro-pastorales, la cornemuse nourrit les fantasmes des franges privilégiées de la société: sa prétendue rusticité convoque la nostalgie des bergeries, d’un paradis perdu représenté par l’innocence de l’Arcadie grecque (Métamorphoses d’Ovide, Astrée d’Honoré d’Urfé). L’Ensemble des hautbois et musettes du Poitou est ainsi intégré dans l’orchestre royal, les facteurs de musettes baroques sont membres de l’Écurie ou de la Chambre du Roi tandis que la cornemuse se joue au théâtre, dans les salons mondains et s’insère dans cantates et opéras (Indes Galantes de Rameau, Lully, Campra).
Musette de cour

Cabrette auvergnate

©Sandrine Le Coz
Zampogna (Italie méridionale)
Musicien ambulant, Lucas Van Leyden
Abusivement rattachée à ses seules origines agro-pastorales, la cornemuse nourrit les fantasmes des franges privilégiées de la société: sa prétendue rusticité convoque la nostalgie des bergeries, d’un paradis perdu représenté par l’innocence de l’Arcadie grecque (Métamorphoses d’Ovide, Astrée d’Honoré d’Urfé). L’Ensemble des hautbois et musettes du Poitou est ainsi intégré dans l’orchestre royal, les facteurs de musettes baroques sont membres de l’Écurie ou de la Chambre du Roi tandis que la cornemuse se joue au théâtre, dans les salons mondains et s’insère dans cantates et opéras (Indes Galantes de Rameau, Lully, Campra).
Musette de cour
Cabrette auvergnate
©Sandrine Le Coz
Musette baroque avec Jean-Pierre Van Hees
:Instrument faisant donc partie intégrante de la musique savante jusqu’au XVIIIème siècle - à l’instar du répertoire de la grande musique pibroc’h/ceol mor écossaisse - il est évincé du milieu classique pendant deux-cents ans, au profit de la clarinette, avant d'être réhabilité aujourd’hui dans les créations d’orchestres symphoniques (ex: Philip Koutev National Folk Ensemble bulgare).
©Sandrine Le Coz
Maître bulgare Kostadin Atanassov & ensemble classique:
Symbolique et répertoire de la cornemuse sont, par ailleurs, interdépendants et, une nouvelle fois, le paradoxe règne. Rattachée au souffle de vie, à la pulsion dionysiaque, à l’amour -tant galant que grivois- elle comporte un répertoire festif: danses de divertissement, de taverne, de bal (bourrées, gigues, mazurkas, reels), propices à la séduction et ritualisant les mariages; cependant, elle sert aussi de cri d’encouragement pour les fantassins sur les champs de bataille ou de prétexte de ralliement pour les émigrés errants: le tout étant de galvaniser les coeurs. Icône des parades militaires (piob mhor des régiments de Highlanders écossais, Bagad de Lann- Bihoué de la marine nationale), la cornemuse représente parallèlement la subversion, la résistance à l’oppresseur ou la marginalité: elle accompagne ainsi la révolte des pays baltes face à l’occupant russe ou les chants des haidouks roumains (brigands de grands chemins d’Europe de l’Est). La cornemuse ne bénéficie donc pas toujours des faveurs du pouvoir en place: ainsi se voit-elle accusée d’hérésie en Galice, punie de mort en Angleterre - afin de contre-carrer les velléités d’indépendance irlandaises et écossaises - ou interdite lors des rassemblements pendant l’occupation nazie. Dans une toute autre atmosphère, celle du recueillement solennel, la cornemuse scande les funérailles, soutient les rituels religieux, les messes, processions et offices de Noël, accompagne cantiques et plains-chants (chants liturgiques grégoriens) ou rhabbyia tunisien dans les zaoulas, oratoires juifs et musulmans. Les joueurs de mashak, au Rajasthan, commencent toute prestation par une invocation à la divinité tandis que dans l’Himalaya la statue de Shiva est portée chaque année à sa résidence d’été, aux sources du Gange, au son de la cornemuse écossaise importée par les
Britanniques.
Le rapport entretenu par la cornemuse avec la religion n’en demeure pas moins complexe: symbole chrétien dans les scènes de Nativités (bergers, anges musiciens), elle se retrouve bannie lors des campagnes d’évangélisation catholique au titre que l’instrument, proche du jeu, des femmes et des cabarets détournerait de la foi…simultanément talisman et attribut du diable, de nombreuses légendes font état de cornemuses jouant toutes seules accrochées au mur ou de musiciens convoqués à se produire aux sabbats des sorcières. En Europe de l’Est, l’orifice du bouc constituant la poche zoomorphe de la gaida était par exemple bouché; un miroir faisant office de barrière contre toute intrusion maléfique. Chèvres entières, poil apparent, têtes d’animaux sculptées, la cornemuse renvoie à un corps vivant tenu contre soi auquel le musicien donne la vie par le souffle…un enfantement mystérieux, surnaturel, qui avait tout lieu de déranger le dogme ecclésiastique.
©Sandrine Le Coz
« Plutôt qu’un élément de différenciation culturelle, la cornemuse est un élément sensible qui rapproche et permet de se trouver des racines lointaines à partager ou à inventer.», c’est sous l’autorité de ces mots de Jean Blanchard que nous désirons présenter la cornemuse, pas tant comme avatar identitaire qu’en véritable totem de la traversée humaine.
HISTOIRE ET ORGANOLOGIE
Aux yeux de la doxa, il existe la cornemuse écossaise; or, cent-cinquante types ont été répertoriés à ce jour dans le monde. Le pays qui dispose du plus grand nombre de modèles différents est la France. La plus grande école est en Galice, le plus grand ensemble de sonneurs est bulgare avec trois cent trente-trois membres et l’instrument le plus joué dans le monde - la cornemuse à seize pouces - n’a été créé qu’en 1975 par les luthiers Bernard Blanc et Rémy Dubois: de quoi tordre le cou aux idées reçues ! La cornemuse appartient à la famille des aérophones; les plus vieux d'entre eux - clarinettes en os de vautour - ont été retrouvés en Allemagne et datent de quarante mille ans. C’est une histoire longue, elle, de plus de deux millénaires qui a construit l’aura de la cornemuse. Son étymologie latine - utriculus et ascaules- signifie outre et tuyau. Le terme « muse » est le plus ancien pour désigner cet instrument tant en français qu’en flamand mais c’est au XIVème siècle que le terme apparaît littéralement dans les textes d’un polyphoniste français: Guillaume de Machaut.
Développée autour d’un moyen technique: le son/souffle continu ou respiration circulaire, pratiquée déjà par les Aborigènes d’Australie (didjeridoo), en Égypte ancienne (double clarinette à roseau Memet), en Sardaigne (clarinettes triples launnedas), au Rajasthan par les charmeurs de serpents (flûte pungi) ou au Pays-Basque avec l'alboka, la cornemuse connaît plusieurs âges d’or: le MoyenÂge, la Renaissance, l’apogée de la période baroque (vers 1730) et le revivalisme folk issu des collectages de la seconde moitié du XXème siècle.

Alboka basque
Pour qu’un aérophone fasse partie de la famille des cornemuses, l’existence de trois critères est requise : un réservoir d’air ou poche, un tuyau d’insufflation muni d’un clapet et un ou deux tuyau(x) mélodique(s) dont les extrémités sont équipées de anches simples ou doubles à l’intérieur. Lorsque la pression d’air est suffisante dans le sac, les anches vibrent et émettent du son. Peuvent s’ajouter à ces éléments de base: un ou des bourdon(s) produisant une seule note d’accompagnement, un ou des tuyaux semi-mélodique(s) activés par moments et un soufflet - idée soufflée par Léonard de Vinci pour ne plus avoir à souffler à la bouche. La qualité du son d’une cornemuse dépend grandement de l’accord trouvé entre bourdon et tuyau mélodique. De l’Afrique du Nord (mezwed) à l’Iran (ney-amban) en passant par la Finlande (sakkipilli) ou l’Azerbaïdjan (tulug), la cornemuse est pratiquée dans une aire géographique très étendue et fait état d’une variété organologique sans commune mesure. Petite voire très petite (northumbrian smallpipe anglaise, biniou kozh breton) ou grande voire très grande (great highland bagpipe écossaise, craba/ bodega occitane, grande cornemuse bourbonnaise), elle possède un ambitus mélodique variable qui peut aller jusqu’à une tessiture de deux octaves. Avec son jeu très rapide ou très lent, sa tonalité grave ou aiguë, la cornemuse se distingue surtout par la diversité de sa facture. Extrêmement sommaire à l’image de l’aulos ou tibia antique fait en roseau et joué par l’empereur Néron, elle se révèle très sophistiquée lorsqu’elle résulte du travail ingénieux de facteurs comme Hotteterre, Chédeville ou Béchonnet. Elle peut être munie de nombreux tuyaux régulateurs et clefs, ce qui lui permet de jouer des demi-tons et de produire des sonorités plus douces à l’instar du uilleann pipe irlandais et des cornemuses polyphoniques italiennes phagotus ou sourdeline (record de 56 clefs). Non, la cornemuse n’est donc pas condamnée à jouer « faux », sa facture, son échelle modale et le timbre cathartique de son bourdon ont même été mis au service de la quête d’une harmonie parfaite rivalisant avec celles des orgues…
Ayant pour vocation première d’être un instrument de concert joué par des maîtres solistes (issus, par exemple, de dynasties de bardes comme celle des McCrimmon en Écosse), la cornemuse se retrouve également au sein de couples de sonneurs (avec bombarde, clarinette, trompette, hautbois piffaro), accompagnée au tambour, à la vièle/violon, à l'accordéon ou, plus connue, sous la forme très spectaculaire des fanfares et défilés tels que les pipe bands, bagads, bandas de gaitas ou tarafs. Jouée en intérieur pour la musique de chambre, au pub ou dans la rue, la cornemuse se pratique donc en position assise, debout ou en marchant. Faite de peaux et d’organes étanches d’animaux (vessie de chèvre/bouc/chien, estomac de phoque…), la nudité « obscène » de son réservoir d’air en vient à être cachée et recouverte de raffinements extrêmes à la Renaissance - même si l’animal continue d’être utilisé (tsabounaki grecque). Composées en bois exotique (grenadille ou ébène du Mozambique, palissandre, bois de rose), sculptées en ivoire, décorées de pyrogravure, de marqueterie, de franges, incrustées d’étain, d’argent gravé ou de nacre: crabas, gaitas, cabrettes auvergnates, chabrettes à miroir du Limousin, sourdelines et musettes baroques avec leur sac en soie ou en velours brodé de fils d’argent, orné de brocarts, de rubans et de motifs floraux, attirent sans aucun doute l’attention. Notons le cas unique de la gaita de boto d’Aragon avec ses tuyaux enchâssés dans de la peau de serpent et sa poche en robe de fillette à volants !

Gaita de boto (Aragon)
Bien que la cornemuse soit un un des instruments les plus vieux au monde, elle s’autonomise progressivement de son créateur en se passant du souffle de l’homme, à commencer par la sourdeline automate de Michele Todini au XVIIème siècle jusqu’aux cornemuses électroniques informatisées (modèle MIDI mis au point en 1995 par le célèbre gaitero asturien Hevia).
©Sandrine Le Coz
Développée autour d’un moyen technique: le son/souffle continu ou respiration circulaire, pratiquée déjà par les Aborigènes d’Australie (didjeridoo), en Égypte ancienne (double clarinette à roseau Memet), en Sardaigne (clarinettes triples launnedas), au Rajasthan par les charmeurs de serpents (flûte pungi) ou au Pays-Basque avec l'alboka, la cornemuse connaît plusieurs âges d’or: le MoyenÂge, la Renaissance, l’apogée de la période baroque (vers 1730) et le revivalisme folk issu des collectages de la seconde moitié du XXème siècle.
Alboka basque
Pour qu’un aérophone fasse partie de la famille des cornemuses, l’existence de trois critères est requise : un réservoir d’air ou poche, un tuyau d’insufflation muni d’un clapet et un ou deux tuyau(x) mélodique(s) dont les extrémités sont équipées de anches simples ou doubles à l’intérieur. Lorsque la pression d’air est suffisante dans le sac, les anches vibrent et émettent du son. Peuvent s’ajouter à ces éléments de base: un ou des bourdon(s) produisant une seule note d’accompagnement, un ou des tuyaux semi-mélodique(s) activés par moments et un soufflet - idée soufflée par Léonard de Vinci pour ne plus avoir à souffler à la bouche. La qualité du son d’une cornemuse dépend grandement de l’accord trouvé entre bourdon et tuyau mélodique. De l’Afrique du Nord (mezwed) à l’Iran (ney-amban) en passant par la Finlande (sakkipilli) ou l’Azerbaïdjan (tulug), la cornemuse est pratiquée dans une aire géographique très étendue et fait état d’une variété organologique sans commune mesure. Petite voire très petite (northumbrian smallpipe anglaise, biniou kozh breton) ou grande voire très grande (great highland bagpipe écossaise, craba/ bodega occitane, grande cornemuse bourbonnaise), elle possède un ambitus mélodique variable qui peut aller jusqu’à une tessiture de deux octaves. Avec son jeu très rapide ou très lent, sa tonalité grave ou aiguë, la cornemuse se distingue surtout par la diversité de sa facture. Extrêmement sommaire à l’image de l’aulos ou tibia antique fait en roseau et joué par l’empereur Néron, elle se révèle très sophistiquée lorsqu’elle résulte du travail ingénieux de facteurs comme Hotteterre, Chédeville ou Béchonnet. Elle peut être munie de nombreux tuyaux régulateurs et clefs, ce qui lui permet de jouer des demi-tons et de produire des sonorités plus douces à l’instar du uilleann pipe irlandais et des cornemuses polyphoniques italiennes phagotus ou sourdeline (record de 56 clefs). Non, la cornemuse n’est donc pas condamnée à jouer « faux », sa facture, son échelle modale et le timbre cathartique de son bourdon ont même été mis au service de la quête d’une harmonie parfaite rivalisant avec celles des orgues…
Ayant pour vocation première d’être un instrument de concert joué par des maîtres solistes (issus, par exemple, de dynasties de bardes comme celle des McCrimmon en Écosse), la cornemuse se retrouve également au sein de couples de sonneurs (avec bombarde, clarinette, trompette, hautbois piffaro), accompagnée au tambour, à la vièle/violon, à l'accordéon ou, plus connue, sous la forme très spectaculaire des fanfares et défilés tels que les pipe bands, bagads, bandas de gaitas ou tarafs. Jouée en intérieur pour la musique de chambre, au pub ou dans la rue, la cornemuse se pratique donc en position assise, debout ou en marchant. Faite de peaux et d’organes étanches d’animaux (vessie de chèvre/bouc/chien, estomac de phoque…), la nudité « obscène » de son réservoir d’air en vient à être cachée et recouverte de raffinements extrêmes à la Renaissance - même si l’animal continue d’être utilisé (tsabounaki grecque). Composées en bois exotique (grenadille ou ébène du Mozambique, palissandre, bois de rose), sculptées en ivoire, décorées de pyrogravure, de marqueterie, de franges, incrustées d’étain, d’argent gravé ou de nacre: crabas, gaitas, cabrettes auvergnates, chabrettes à miroir du Limousin, sourdelines et musettes baroques avec leur sac en soie ou en velours brodé de fils d’argent, orné de brocarts, de rubans et de motifs floraux, attirent sans aucun doute l’attention. Notons le cas unique de la gaita de boto d’Aragon avec ses tuyaux enchâssés dans de la peau de serpent et sa poche en robe de fillette à volants !
Gaita de boto (Aragon)
Bien que la cornemuse soit un un des instruments les plus vieux au monde, elle s’autonomise progressivement de son créateur en se passant du souffle de l’homme, à commencer par la sourdeline automate de Michele Todini au XVIIème siècle jusqu’aux cornemuses électroniques informatisées (modèle MIDI mis au point en 1995 par le célèbre gaitero asturien Hevia).
©Sandrine Le Coz
APPROPRIATIONS ARTISTIQUES
Instrument universel par excellence, le rayonnement de la cornemuse a bénéficié des mobilités de ses sonneurs qu’ils soient illustres - à l’instar du diplomate François Langlois familier des cours d’Europe ou d’Antonin Bouscatel, patron de bal-musette auvergnat à Paris - ou déshérités. La uilleann pipe irlandaise migre ainsi à Chicago à la suite de la grande famine de 1845 tandis qu’en 1977 un enregistrement bulgare est envoyé dans l’espace à bord de la sonde Voyager 1 en tant que témoignage musical de l’humanité. Rumbas des gaiteros en Amérique du Sud (Libardon, Remis Ovalle), migrants macédoniens en Australie ou mineurs polonais dans le nord de la France sont autant d’exemples de circulations ayant contribué à la diffusion des cornemuses aux quatre coins du globe - appuyées par les stars Carlos Nunez («le Jimi Hendrix de la gaita »), l’uilleann piper Paddy Moloney des Chieftains et le Pipe Band of Royal Scots and Dragoon Guards avec la reprise du célèbre negro-spiritual américain Amazing Grace.

Gaita de Pontevedra (Galice)
L’enjeu pour les sonneurs d’aujourd’hui se résume à ne pas reproduire - par pur mimétisme - mais à transformer le patrimoine musical légué par leurs maîtres en création contemporaine. Au piano, Béla Bartok imite le son du duda hongrois; aux confins des sons trad’ et jazz (André Ricros et le quartet de Louis Sclavis, Ceòl Mòr de Patrick Molard, Erwan Keravec, Gunhild Carling au säckpippa suédois, Etsaut, Désirs Chroniques Quartet) ou sur les pas d'un folklore alternatif sous beat box et musique assistée par ordinateur (Dart Lab), les joueurs de cornemuses bousculent avec sagacité codes, genres et répertoires pour mieux faire entendre leurs résonances.
Cornemuse électro de Vincent Boniface et Jean Blanchard :
Quant aux fanfares populaires (La Fraternelle des cornemuses du Centre, Alerte Rouge…), elles renouent avec la dimension carnavalesque des déambulations de cornemuseurs au Moyen-Âge; la boucle est bouclée. La cornemuse, dans la ronde dansée par le « corps-à-corps du rêveur et de l’objet animé » (E.Montbel) éveille fantasmes et projections de l’homme. Populaires ou sophistiquées, marqueurs d’une authenticité rêvée ou d’hybridations créatives, les esthétiques des cornemuses sont bien vivantes et ne cessent de se croiser. À rebours de l’image univoque de la cornemuse puissante - de la fiction identitaire celtique - se dessinent donc des lignes de fuite poétiques, des paysages musicaux insufflant autant de variations de notes que d’émotions.
©Sandrine Le Coz
Gaita de Pontevedra (Galice)
L’enjeu pour les sonneurs d’aujourd’hui se résume à ne pas reproduire - par pur mimétisme - mais à transformer le patrimoine musical légué par leurs maîtres en création contemporaine. Au piano, Béla Bartok imite le son du duda hongrois; aux confins des sons trad’ et jazz (André Ricros et le quartet de Louis Sclavis, Ceòl Mòr de Patrick Molard, Erwan Keravec, Gunhild Carling au säckpippa suédois, Etsaut, Désirs Chroniques Quartet) ou sur les pas d'un folklore alternatif sous beat box et musique assistée par ordinateur (Dart Lab), les joueurs de cornemuses bousculent avec sagacité codes, genres et répertoires pour mieux faire entendre leurs résonances.
Cornemuse électro de Vincent Boniface et Jean Blanchard :
Quant aux fanfares populaires (La Fraternelle des cornemuses du Centre, Alerte Rouge…), elles renouent avec la dimension carnavalesque des déambulations de cornemuseurs au Moyen-Âge; la boucle est bouclée. La cornemuse, dans la ronde dansée par le « corps-à-corps du rêveur et de l’objet animé » (E.Montbel) éveille fantasmes et projections de l’homme. Populaires ou sophistiquées, marqueurs d’une authenticité rêvée ou d’hybridations créatives, les esthétiques des cornemuses sont bien vivantes et ne cessent de se croiser. À rebours de l’image univoque de la cornemuse puissante - de la fiction identitaire celtique - se dessinent donc des lignes de fuite poétiques, des paysages musicaux insufflant autant de variations de notes que d’émotions.
©Sandrine Le Coz